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A la découverte de São Tomé l’île chocolat, 1er épisode …

2019 juil 3

A peine terminé le second Salon de la pâtisserie à Paris me voilà partie dans la foulée (je sais je n’arrête jamais) pour un super voyage de presse à São Tomé. Oui je l’avoue, il m’a fallu l’aide de mon ami Google pour en savoir plus. Pour faire court, São Tomé et Principe c’est un petit archipel, un paradis tropical encore préservé et peu connu ( et ça c’est top aussi) à 5000 kilomètres de chez nous, au large du golfe de Guinée, une ancienne colonie portugaise indépendante depuis 1975. Ici pas de tourisme de masse, la destination est un peu confidentielle et réservée aux amoureux de la nature. Le tourisme, plutôt l’écotourisme, veut valoriser et protéger le patrimoine environnemental exceptionnel. La population est souriante et accueillante, les marchés incroyablement chaleureux et animés, on s’y bouscule allègrement pour y découvrir les richesses locales en fruits, légumes et poissons, mais je vous en parlerai dans un prochain épisode.
Car la réputation de São tomé s’est bâtie sur le cacao et le but essentiel de notre voyage c’est de découvrir au travers d’une plantation spécifique, la Roça Diogo Vaz, la nouvelle mise en valeur et l’essor de ce chocolat d’exception. Ici, le cacao est roi, il fait partie intégrante de l’histoire et de la culture de l’archipel, ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle l’île chocolat. Bien que marginale au niveau mondial, cette production représente pour le pays, l’essentiel de ses exportations et de ses revenus.
Ci-dessous les cabosses que nous découvrons en 4 X 4 dans la jungle des cacaoyers de la plantation. On trouve sur les cacaoyers tous les stades de la croissance des cabosses jusqu’à celles dévorées par les souris qui les apprécient particulièrement. Elles creusent un trou au sommet et mangent avec délectation, enfin je l’espère, tout l’intérieur …

Un peu d’histoire

C’est en 1822, lors de l’indépendance du Brésil, que de nombreux colons portugais quittent le continent sud américain pour rejoindre São Tomé & Principe, où ils possèdent de grandes plantations. Ils apportent avec eux les richesses du nouveau monde et des cacaoyers comme plantes ornementales. C’est la première fois que le cacao quitte le continent américain et  São Tomé devient alors le berceau du cacao africain. Dès 1910 l’île, grâce à son climat favorable et à ses sols volcaniques fertiles, devient premier producteur mondial avec 35000 tonnes annuelles. Avec l’indépendance les agriculteurs ont obtenu des petites parcelles de terre, mais sans soutien particulier, la production s’est effondrée pour n’atteindre que 1500 tonnes en 2000. Alors Zorro est arrivé (oui c’est politiquement incorrect mais ça m’amuse)… En 2014  le groupe Kennyson très impliqué dans le développement agricole et hydraulique en Afrique, décide de relancer la filière cacao de Sao Tomé & Principe et reprend une plantation historique de l’île fondée en 1880, la Roça Diogo Vaz. Le président, Jean-Rémi Martin entouré d’une équipe de jeunes et dynamiques collaborateurs veut prouver que le chocolat peut fournir aux producteurs des conditions de vie décente. La marque Diogo Vaz produit tout localement, de l’arbre à la tablette  en associant les savoir-faire ancestraux aux technologies modernes. Bien sûr d’autres plantations sont implantées dans l’archipel.

Et c’est parti pour la visite de la plantation pour mieux comprendre l’expression de l’arbre à la tablette, tree to bar, un peu différente du fameux bean to bar, de la fève à la tablette très en vogue ces dernières années puisque de nombreux chocolatiers se lancent dans la fabrication de leur propres tablettes (à une autre échelle certes que des Bonnat, Marcolini ou Bernachon) on va dire de façon plus artisanale …
Mais revenons à la plantation Diogo Vaz. Ci dessus l’entrée de la pépinière où l’on replante une sélection de cacaoyers pour mettre en valeur les variétés endémiques de l’île  comme l‘amelonado, à la forme de melon, le trinitario, allongé et le catongo. Ces trois variétés produisent très peu dans le cadre d’une agriculture raisonnée, sans engrais ni additif. Sur la plantation, la production oscille entre 70 et 120 tonnes et devrait atteindre 200 tonnes d’ici un à deux ans.

A l’intérieur, le temps de boire un petit café, local bien sûr, et avant de partir sillonner la plantation, on peut admirer le mobilier colonial dans toute sa splendeur.

Ci-dessus, Willy G. Mboukem II ingénieur agronome et directeur de la plantation nous explique le replanting du cacao mais pas que, on trouve aussi dans la pépinières de nombreux fruits et fleurs comme le fruit à pain, le jacquier, la papaye, la mangue, l’ylang ylang, la cannelle, le café, le poivre, la vanille et j’en oublie certainement.

A gauche, non, non ce n’est pas du citron caviar, d’ailleurs il ne pousse pas à même les troncs d’arbres, on l’appelle ici citron taïwanais, on croque carrément dedans, c’est acide et tout se mange. Même mon ami Google ne le connait pas sous ce nom, mais grâce à mon application Pl@ntNet, j’apprends que ce fruit est plus connu sous le nom de Bilimbi … A droite les papayes nous sont familières et donc plus faciles à reconnaître.

Après la pépinière rapide passage devant le poulailler et les plants de tabac, et nous voilà dans l’immense potager en permaculture,  et oh miracle ça sent carrément le chocolat … Mais pourquoi donc ?  Et bien tout simplement parce que l’on récupère le résidu des coques de fèves après avoir extrait le grué et il est répandu entre les rangées pour éviter les mauvaises herbes, juste incroyable…

Ici les fruits de la passion ressemblent à de gros poivrons, nous allons de surprise en surprise !

Il est temps de s’enfoncer au plus profond des 420 hectares de la plantation, dont 200 réservés aux cacaoyers, 150 000 arbres ont déjà été plantés en provenance de la pépinière et en 2017 la plantation a obtenu la certification biologique. Ici William Martin le fils de Jean-Rémy s’investit à fond dans le projet entouré d’une équipe de jeunes professionnels hautement qualifiés, tous ou presque venus du sud-ouest, le pays du rugby ! Il nous montre de belles cabosses à maturité.

A l’intérieur de la cabosse, le mucilage, puis la fève fraîche

La piste est cabossée, on croise quelques-uns des 250 collaborateurs qui travaillent sur la plantation, répartis en divers corps de métier, cueillette, technologie, maçonnerie, menuiserie, mécanique. Willy nous montre les racines des cacaoyers en ligne droite sans vraiment de ramifications. C’est la carrière où l’on récupère aussi la terre pour les plants de la pépinière.

Plusieurs hectares de la roça sont dédiés à  un ambitieux programme de diversification. ici le poivre, sur la photo en haut à gauche, il pousse au ras du sol au pied des piquets, le café, l’huile de coco, la canne à sucre.

La plantation c’est aussi un grand village où vivent de nombreuses familles. L’entreprise soutient économiquement 2000 personnes auxquelles s’ajoutent 4 grandes communautés villageoises qui entourent la plantation. Sur la plantation il y a donc une école, de la maternelle aux classes primaires, une clinique, des logements, une église. Voici l’école et la crèche.

A l’intérieur les murs sont joyeusement décorés tout comme la façade

Petite incursion dans les salles de classe, Cyril Rouquet-Prévost distrait les élèves en plein examen …

Dans la cour, les petits de la maternelle jouent les durs et posent pour les photos…

D’autres s’initient au fonctionnement de la caméra ou discutent avec notre groupe de journalistes reporters …

Fin de ce premier épisode et retour à l‘hôtel Omali pour la soirée, un havre de paix à même pas 5 minutes de l’aéroport.

Erratum : même si je m’attache ici principalement à la plantation Diogo Vaz il y a bien sûr d’autres plantations sur l’archipel. Il faut savoir que les producteurs de l’île travaillent ensembles au sein de petites associations communautaires qui représentent environ 15% de la population rurale de São Tomé. On garantit aux producteurs un prix d’achat près de 40% supérieur aux meilleurs prix pratiqués dans la filière conventionnelle, ainsi qu’un prix plancher lorsque le marché est défavorable. Les producteurs sont donc assurés de pouvoir vendre la totalité de leur production de cacao à un prix valorisant leur travail.

La presse en parle :-clic-

Enjoy

A suivre : 

Qu'en pensez-vous ?
Les commentaires
  • Genot 3 juillet 2019

    Merci Mercotte pour ce superbe voyage… En lisant votre reportage j’ai voyagé et vous ai tellement envié… J’avais les odeurs, la chaleur, les yeux écarquillés…bref..un pur délice et l’envie immédiate de decouvrir un jour cet endroit qui semble si paisible et si délicieux! Merci !!!! J’attends avec impatience la suite….
    Valérie G.

  • Betty 3 juillet 2019

    Vraiment superbe ! Il faut préserver ces endroits ! J’attends avec impatience le 2ème épisode et c’est vrai que j’ai l’odeur du chocolat : c’est trop top !

    • mercotte 3 juillet 2019

      Oui un beau voyage et de belles découvertes dans un environnement préservé !

  • Valentine 3 juillet 2019

    Merci Mercotte de nous faire découvrir avec autant de détails ce coin de notre planète encore préservé. Je ne peux pas voyager, du coup j’apprécie d’autant plus tous vos reportages que je lis et relis.
    Les photos sont très belles et appuient vos explications déjà très claires. On apprend beaucoup grâce à tout ce que vous nous transmettez, c’est un réel plaisir. Merci encore !!! Valentine

    • mercotte 3 juillet 2019

      je vais essayer de vous faire encore plaisir avec les prochains épisodes alors 🙂

  • Françoise 3 juillet 2019

    Ah la belle vie !
    Merci Mercotte pour ce magnifique reportage fort intéressant, je découvre totalement !
    (J’espère que ta jolie maison n’a pas souffert des intempéries hier, j’ai bien pensé à toi)
    Bises
    Françoise à Orgeval

    • mercotte 3 juillet 2019

      merci Francoise, il y a eu beaucoup de dégâts en ville mais rien du tout chez moi en dehors d’une poubelle -vide en plus- renversée !

  • Stéphane 3 juillet 2019

    Merci Mercotte pour ce bel article très intéressant à lire et enrichissant bien sûr car je ne connais pas du tout (encore) ce pays. Cela serait sûrement intéressant d’y aller et de découvrir une plantation. J’espère que tu vas bien. Je t’embrasse

    • mercotte 3 juillet 2019

      Y a plus qu’à donc ! Belle soirée Stéphane, je t’embrasse 🙂

  • Bagaut 3 juillet 2019

    Merci pour ce reportage et chapeau pour la qualité du texte et des photos. Certaines plumes croisées du temps où j’étais moi-même une modeste journaliste, pourraient bien en prendre de la graine.

    • mercotte 3 juillet 2019

      Merci Laurence, c’est très gentil et contente que vous appréciez 🙂

  • Odile de Megève 4 juillet 2019

    Bravo Marcotte pour ce beau reportage d’un coin du monde inconnu pour moi…. Que la vie y semble paisible dans ce bel environnement. Impatiente de lire la suite…
    J’ai souvent pensé à vous au printemps car j’ai fais plusieurs fois votre délicieuse recette de verrine « panna cotta au fromage de brebis, toujours très appréciée.
    A très bientôt en Haute-Savoie. Si vous connaissez le thème du concours Démons et Vermeils, je suis preneuse.
    Je vous embrasse

    • mercotte 4 juillet 2019

      Merci Odile ! Le sujet c’est la pâte à choux sans plus de précision, ça laisse le champ libre à plein d’interprétations ! A très bientôt donc et belle semaine …

  • Lott 4 juillet 2019

    Bravo Mercotte pour ce magnifique partage !! Laurence

  • Odile de Megève 4 juillet 2019

    Merci Mercotte pour votre réponse, je vais attendre plus d’info. La pâte à choux c’est pas ma tasse de thé!!! Je ne fais que les gougères.
    A bientôt

  • Lo Monaco 5 juillet 2019

    Mercotte bonjour,

    Merci pour ce beau reportage. Vous le décrivez avec amour et passion.
    Vous donnez envie de s’y rendre. Comprendre le travail avant que ce chocolat n’arrive dans nos cuisines et sur nos tables. Vivement la suite.
    Bises
    Rosaire

  • Line-Marie 8 juillet 2019

    je suis super heureuse de lire ce reportage car j’en avais vu un à la TV qui se passait en Afrique et qui montrait des enfants cassant les cabosses gratuitement et dans des conditions qui m’avaient effrayées… Heureusement il n’en ai pas de même partout… ça me réconcilie avec le chocolat car depuis ce reportage je me sentais coupable de le manger… merci beaucoup

    toujours très sollicitée Mercotte ! la rançon de la gloire !!! bon voyage !

  • NIC 16 juillet 2019

    Pour aimer ce cru SAO TOME, ma curiosité fut largement récompensée par ce voyage détaillé, coloré par de superbes photos…; MERCI Mercotte pour ce généreux partage raconté avec précision et passion!!
    NIC

    • mercotte 22 juillet 2019

      Merci NIC, le 23 juillet retrouvez le 4 épisode de ce beau voyage

  • Cecile 27 octobre 2019

    Bonsoir Mercotte, habitant au Gabon, nous avons la chance de pouvoir partir à Sao Tomé pour les fêtes de fin d’année. Nous sommes conscients d’être des privilégiés et ne manquerons pas de visiter la plantation, comme les autres dont celle de café! Merci de nous faire partager vos expériences

    • mercotte 28 octobre 2019

      Profitez bien Cécile et donnezle bonjour de ma part aux personnes de la Roça Diogo Vaz !

  • couderc 20 décembre 2020

    Fantastique un chocolat d exception et chance inouie nous avons une boutique Diogo Vaz à Mon t de Marsan une aubaine

    • mercotte 20 décembre 2020

      ET oui normal puisqu’ils sont presque tous du pays du rugby ! Trop sympas !

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